Homélie du Jeudi Saint – 1er avril 2021

MARTINE : En ce moment notre vie sociale est un peu comme ralentie, nous avons moins de rencontres, d’échanges, ces rencontres comme lieu de fraternité et de joie vécues ensemble.

« Tu te trouves dans cette zone d’inconfort de la vie
Tu te trouves à la margelle du puits
Alors puise.
Puise
Jette loin le seau qui sonde au plus profond pour y trouver l’eau claire
Garde ta soif intacte, elle te relèvera. » *

Une source vive de ta présence Seigneur dans cette eucharistie que nous fêtons aujourd’hui , fête de la vie donnée, offerte à laquelle tu nous appelles  tous à prendre part avec Toi et en Toi.
* Marion Muller-Colard

GILLES : « Me laver les pieds à moi jamais » !! Telle est la première réaction de Pierre, vraisemblablement gêné de voir le Seigneur à genou pour lui laver les pieds. Gêné et probablement touché dans son orgueil, et qui ne le serait pas, il ne serait pas venu à Pierre (pas plus qu’à nous) l’idée de laver les pieds à quelqu’un, ce n’est pas son rôle, il n’est pas serviteur…
Nous nous rendons bien compte que Jésus inverse les rôles, et que lui n’est pas du tout gêné de s’agenouiller devant ses disciples, au contraire même, on le sent heureux, appliqué, il donne sa divinité au service de l’Homme, de l’humanité.

Et pour que tous comprennent bien Jésus explique à Pierre «si je ne te lave pas les pieds tu ne peux pas avoir part avec moi »

Eh oui, Jésus se donne à nous, il se donne entièrement, et nous voudrions ne prendre que ce qui nous intéresse, avoir le choix entre tel et tel.  Plutôt prière, pas trop service et le contraire est tout aussi redoutable…

Dieu est entièrement donné à l’Homme, et cette cène que Jean nous partage dans son évangile, ce lavement des pieds, il nous redit toute l’importance qu’a chaque homme, chaque femme, chaque enfant aux yeux de Dieu.

Nous avons un Dieu qui prend vie en l’homme, qui par amour s’agenouille en exemple à nos pieds pour prendre soin de chacun et nous demande d’en faire autant.

Un Dieu qui nous commande de nous aimer les uns les autres comme lui nous a aimé, car il n’est pas un Dieu abstrait perdu dans l’immensité du ciel à qui l’on rend gloire en regardant les étoiles… Non il est présent dans toute sa création, en toutes ses créatures, il vit en chacun de nous et pour chacun de nous.

Parce qu’il est présent, vivant, en nous tous, il fait de chacun de nous une Hostie vivante pour nos Frères et sœurs, pour qu’en nous donnant au monde se soit lui qui se donne, que notre vie soit sa vie, et que part sa vie le Salut soit pour le monde entier.

« Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ?»

Mais Seigneur tu le sais en posant la question, que l’on ne comprend pas toujours ce que tu fais pour nous, que comme Pierre nous hésitons parfois à prendre part avec toi.

Mais tu ne t’arrêtes pas à cela et tu te donnes sans cesse, par ce pain et par ce vin que nous allons partager en mémoire de toi, par le Frère et la Sœur que tu nous envoie, donne-nous toujours, Seigneur, de t’accueillir pour découvrir et vivre de ton amour.

FLORE : Comme vient de nous le dire Gilles, vénérer Dieu, c’est vénérer son frère qui devient alors une hostie vivante. Il s’agit pour nous de devenir serviteur de nos frères, en nous mettant en position basse vis à vis de celui que nous servons.
Le sens du service est le sens même de la célébration du Jeudi Saint qui amorce le triduum pascal. Saint Jean est l’évangéliste qui a remplacé la dernière cène par le lavement des pieds.
D’habitude, chaque communauté chrétienne fait mémoire de ce temps fort particulier par le geste du lavement des pieds. Nous avons eu à réfléchir à comment, en cette période de covid, signifier cela en respectant les gestes barrières et la distanciation.
Nous vous proposerons donc pendant la communion un geste d’inclinaison, en signe de prosternation vis à vis de son prochain. Je vous expliquerai plus concrètement comment nous le mettrons en œuvre tout à l’heure.
Cependant, cette inclinaison, comme sens de service, de respect, et manière de rendre hommage est aussi à mettre en lien avec le geste de prosternation devant la croix qui est proposé le vendredi Saint.
Nous entrons dans un mystère, le mystère de notre foi que nous allons maintenant proclamer