7ème dimanche du Temps Ordinaire – 24 février 2019
« La seule chose qui permet au mal de triompher, c’est l’inaction des hommes de bien. » Comme le disait Edmund Burke philosophe irlandais. « C’est l’inaction des hommes de bien. »
Mais que faire face au mal ?
Nous avons une piste dans la 1ère lecture où David fait le choix d’épargner Saül, alors que celui-ci le traque pour le tuer. Je ne sais pas si vous connaissez le film Mission.
Des frères Jésuites, au 18ème siècle, fondent une mission chez les indiens d’Amérique centrale. Pour des intérêts politiques, une expédition militaire est envoyée pour massacrer les indiens de ces missions. Face à ce drame inévitable lié à la cupidité, les missionnaires restent avec eux pour partager leur sort. Deux figures de missionnaire se dressent :
- L’un ancien esclavagiste d’indiens, converti, choisi la lutte armée contre ce massacre. Le second, prend le Saint Sacrement, va au devant des soldats dans la prière.
- La seconde posture, celui qui debout, fait front pacifiquement, est l’illustration, à l’extrême, de l’évangile d’aujourd’hui.
Tendre l’autre joue,
Nous ne sommes pas dans un monde de bisounours, le mal éclabousse nos vies. Ne nous y trompons pas, tendre l’autre joue ne veut pas dire le faire par insolence ou subir sans rien dire.
Bien au contraire, c’est faire un acte d’homme debout, faisant front au mal, dans l’adversité malgré nos peurs. Non pas par la violence mais par un acte volontaire et pacifique. Jésus, nous y accompagne, à sa passion lorsqu’on le giflera, répondra, non pas par la haine mais par une question : « pourquoi me frappes-tu ? »
Jésus va jusqu’à nous inviter aujourd’hui à « Aimer vos ennemis ».
Récemment le prieur de Tibérine, mort martyre en Algérie, dans son testament nous transmet ceci :
« J’aimerais, le moment venu, avoir ce laps de lucidité qui me permettrait de solliciter le pardon de Dieu et celui de mes frères en humanité, en même temps que de pardonner de tout cœur à qui m’aurait atteint. »
Pardonner
Nous y sommes, se positionner ainsi, et rester mettre de soi face à la violence, nécessite de faire un choix radical, celui de pardonner. Arriver jusqu’à pardonner l’impardonnable et moi, qu’est ce que je fais avec des pardons … pardonnable : un regard de travers d’un de mes collègue, une injustice ? Pourtant il n’y a pas mort d’homme.
L’un des directeurs avec lequel je travaille ne raisonne que par ambition personnelle. Tous les matins, je prie pour lui et lui pardonne son comportant condescendant et écrasant envers les autres…
C’est un travail de tous les jours.
Travaillons notre cœur au pardon et à la miséricorde, pour l’ouvrir à celle de Dieu. Comme le dit Jésus : « soyez miséricordieux comme votre père est miséricordieux. »
Si cela racle et que c’est dur, nous sommes sur le bon chemin. Un pardon qui se redonne tous les jours est un pardon précieux, emplit de vérité et qui nous grandir. Il permet de voir l’homme, le prochain part delà le mal qu’il me fait.
Le pardon n’oublie pas le passé mais ouvre à l’avenir, c’est un acte profondément libérateur, tant pour celui qui le reçoit, qui n’en a pas forcement conscience, mais au combien pour celui qui le donne.
Aujourd’hui
Jésus nous invite à donner les pardons à ceux qui nous font du mal, qui sont malveillants envers nous, ceux avec qui c’est invivable. Chaque jour, s’il le faut, pour changer notre cœur et l’ouvrir au regard de Dieu, regard qui nous envisage et permet l’impossible.
Et cela peut aller très loin, par exemple l’histoire de Sainte Maria Goretti une jeune fille de 14 ans, assassinée. Sa mère va pardonner au bourreau de sa fille.
Après un long chemin, celui-ci va rencontrer Dieu dans sa vie, et cette mère blessée va devenir, pour lui, comme sa mère. C’est au cœur même du plus profond mal que peut renaître l’espoir et le salut de Dieu. Le pardon est à ancrer dans nos vies. C’est l’unique moyen de briser la spirale de la violence et de s’ouvrir, un peu plus, à celui qui a racheté notre pardon à prix fort, en donnant sa vie, en nous ouvrant le bonheur d’un amour inimaginable : l’amour de Dieu.
Et Jésus, dans l’évangile d’aujourd’hui, n’y va pas avec le dos de la cuillère : la mesure dont vous vous servez pour les autres, servira de mesure aussi pour vous. Nous le redirons d’ailleurs tout à l’heure au Notre Père : « pardonne nous comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés… »
Faisons le choix de Sainte Thérèse de Lisieux : « Au soir de la vie, je serai jugé sur l’amour. »
Pour résumer
Dressons-nous, à chaque instant avec le Christ, contre le mal. Vivons avec de la bienveillance chaque situation blessante de notre vie, et, par le pardon découvrons l’Amour d’un Dieu qui nous y rejoint.
Cyril Malecot