Une vie eucharistique

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Une vie eucharistique

Eucharistie, action de grâce ; c’est le mot qui est privilégié avec le concile de Vatican II, (Lumen Gentium n° 11) pour dire : l’eucharistie est « la source et le sommet de toute la vie chrétienne. »

Nous y associons souvent d’autres mots : « la communion », acte par lequel nous recevons le Corps du Christ en nourriture, qui est associé à « prenez et mangez, prenez et buvez, ceci est mon corps, ceci est mon sang » : plusieurs mots à garder reliés les uns aux autres

« Faites ceci en mémoire de moi ! » Qu’est-ce que « ceci ». Après trois années de vie publique, Jésus sait qu’il va lui falloir aller au bout du don total de sa vie, il sait la fragilité des ses apôtres il sait que Judas a prévu de le lâcher. « Ceci » ne veut-il pas dire : tout ce que j’ai vécu, la manière dont le l’ai vécu, et la suite prévisible, l’au-delà de ma vie d’homme terrestre, la résurrection à laquelle je crois comme tous les pharisiens… Tout son itinéraire de naissance, de vie donnée, de souffrance et de joie, d’action de grâce, de mort et résurrection, récapitulé dans son ‘oui’ au Père ; une vie unifiée par le seul et même Esprit du Père, qui l’habite, le fil conducteur de toutes ses rencontres et paroles. C’est son identité tout entière qu’il entreprend de faire découvrir aux deux disciples qui rentrent à Emmaüs.

Emmaüs : un itinéraire pour nous. Un homme chemine avec eux qui se révèlera être présence de Dieu à sa manière, en son Fils, Ressuscité, présence de son amour, qui ne s’impose pas, et plus proche que nous n’osons l’imaginer. Il est là, alors que nous sommes dans l’inquiétude, dans le questionnement et parfois tentés de dire : « Dieu il est où ? que fait-il ? je ne le vois pas ! » C’était la question, dans un camp de concentration posée par un des prisonniers ; ils étaient forcés d’assister à la pendaison de l’un d’eux, pour l’exemple ! Et celui-ci dit : nous on est révolté ! mais Dieu, il est où ? Qu’est ce qu’il fait ? Un voisin lui suggère ; ‘Dieu, il est au bout de la corde !’ la place prise par Dieu ! Quelle image de Dieu, avons-nous ? Où le cherchons-nous ? Dieu n’est pas de l’autre côté de la rue, il est sur le même trottoir.

Emmaüs : une parole qui vient d’ailleurs, de l’expérience de ceux qui avant nous ont cherché réponse à leurs ‘pourquoi’, pourquoi la vie, la mort, la souffrance ? Les deux disciples entendent ce que dit l’homme, sans bien comprendre ce qu’il leur dit du message des prophètes ; ils ne le peuvent pas ; ils ont perdu Jésus leur ami, ils ne pensent qu’à cette blessure trop vive encore. Mais ils restent quand même avec lui, il semble disposer de quelques lumières qui les éclairent dans leurs souffrances.

Vont-ils le laisser continuer son chemin en arrivant à Emmaüs ? Eux et lui seront dans la nuit ! Reste avec nous ! toi avec nous et nous avec toi qu’on connait si peu.

A un moment de la vie il faut arriver à franchir des barrières qu’on avait peut être un peu majoré, l’Esprit nous travaille dans ce sens, et en le laissant faire nous arrivons à reconnaitre Jésus, le Même, Ressuscité, dans la Fraction du Pain. En vivant l’Eucharistie nous sommes communauté en deuil de son Seigneur, absent ; le tombeau est vide, Deuil d’une forme de présence qui ne peut pas durer, mais pour nous ouvrir à sa présence autre, pas limitée, qui ne peut connaitre que la limite de notre acceptation.

« Reste avec nous » c’est le temps de notre relation communautaire avec lui ; ils sont deux, pas isolés, pour l’écouter, pour entrer en dialogue, l’inviter et rester avec lui.

Bernard Sesboué est un théologien qui, dans son livre, invite à « retrouver le goût de l’Eucharistie, » à lui donner sa juste place, celle de nouer le destin de l’homme à celui de Dieu et de construire l’Église. Reprenant le père Henri de Lubac : « si l’Église fait l’Eucharistie, l’Eucharistie fait l’Église. » Le but de l’Eucharistie c’est de faire de l’assemblée présente, le corps de l’Église qui constitue aussi le Corps glorieux du Christ. L’Eucharistie nous dit notre relation à Dieu par Jésus Christ ; une présence réelle, non symbolique, ni géographique, ni locale… le corps du Christ n’est pas présent dans le tabernacle de la même manière que le ciboire y est présent…

La visée de l’Eucharistie n’est pas le changement du pain et du vin, mais l’accès de toute l’assemblée au statut de Corps du Christ, par le don de l’Esprit.

– Moi, humain, re-né par le baptême, appelé à être prêtre au service des baptisés qui sont l’Église et pour le Royaume, je sens l’importance d’être avec eux à l’écoute de Ta Parole ; elle a permis aux disciples de s’éveiller à cette dimension divine dont, Christ, tu veux nous revêtir et habiller tous les chercheurs de vie. Qu’avec la fraction du pain entre tous, ma vie et nos vies soient « eucharistiques » pour ensemble pénétrer ton Mystère de Mort – Résurrection . . . Il est grand le Mystère de la Foi !

Henri

L’EUCHARISTIE ET LA VIE QUOTIDIENNE

Le point de départ de ma réflexion fut la phrase d’Henri » L’Eucharistie ne se trouve pas qu’à la messe, l’eucharistie c’est toute ma vie ». J’ai remercié Henri pour ce témoignage si fort et il m’a demandé « Et toi pourrais-tu dire comment tu vis l’Eucharistie ? » (retour à l’envoyeur!!!)

Certes l’Eucharistie c’est d’abord la messe qui nous la partage, nourrissant chacun de nous et tous ensemble. « Nous sommes le corps du Christ » Mais ‘Ite missa est » : à nous de la vivre au jour le jour ensuite.

Les disciples d’Emmaüs sont pour moi, une référence essentielle. Comme eux (Cléophas et l’autre disciple dont on ne donne pas le nom : c’est une place vide qui nous est proposée) nous avons reconnu Jésus dans le sacrement de l’Eucharistie, signe sensible de sa Présence.Mais pour nous aussi Jésus redevient « invisible », il ne nous appartient pas et comme eux nous devons « repartir » pour annoncer la « Bonne Nouvelle ». On oublie les circonstances de cette scène : ils ont marché deux heures, la nuit est tombée, ils n’hésitent pas une seconde pour repartir malgré encore deux heures de marche dans la nuit.

Je me sens envoyée aussi, dans l’urgence et dans la joie pour annoncer le Ressuscité. Mais je ne suis pas seule

« Écoute, écoute
Les pas du Seigneur vers toi,
Il marche sur la route
Il marche près de toi.»

Je me sens appelée à transmettre, dans la plus grande discrétion – surtout pas de prosélytisme – cette nourriture spirituelle qui donne sens à ma vie.
Comment ça se manifeste ?
Casser la routine qui embue la relation à mes proches, écouter avec bienveillance les plaintes de la voisine, répondre à un mail au lieu de le jeter, sortir sur mon balcon pour applaudir le personnel soignant alors que je suis bien installée devant la télé, appeler une cousine isolée, une amie en peine etc etc
Faire tous ces petits gestes anodins et quotidiens avec au cœur la joie du Ressuscité, même s’il fait nuit, même s’il y a encore une longue route à parcourir.

Josette

Journée Eucharistie

Pour moi, l’Eucharistie est née du repas du jeudi saint, avec les 12 ; Judas est encore présent, c’est lui qui se sert dans le plat avec Jésus et qui va le trahir, (Mt. 26, 23). Jésus ne met personne dehors, la table est bien offerte à nous tous, pécheurs. L’Eucharistie a pris tout son sens avec la Résurrection reçue par les apôtres, Marie et les disciples ; elle se fête le dimanche après le sabbat, premier jour de la semaine.,

Pour moi, je distingue l’Eucharistie du dimanche par rapport à d’autres en semaine.

– C’est là que j’y apporte et y présente, comme baptisé, ce qu’a été la semaine écoulée ; une ou deux rencontres anciennes, inattendues, ou nouvelles, appelées à faire leur chemin, ce que j’espère, comme sur le chemin d’Emmaüs, vers le Ressuscité.

– C’est là que je pense à ceux de la paroisse et de mon immeuble, et à ce que nous avons partagé, un simple sourire aussi bien que l’événement qui nous marque actuellement. Importance du temps de l’accueil au début de nos eucharisties. « De quoi discutiez-vous en chemin ? C’est la première étape qui aide Jésus à se faire reconnaitre par eux, par nous ; et moi, à vivre mes rencontres, avec Lui, cheminant avec nous.

Ce sont ces bonnes nouvelles que j’ai reçues : un ancien collègue de lycée qui vient de nous relancer, avec nos adresses qu’il a pu récupérer par les uns et les autres. Il nous invite à partager où nous en sommes aujourd’hui, 40 ans après nous être séparés,

C’est aussi l’un de mes neveux qui me dit le souhait de la famille de continuer à recevoir notre préparation de la messe des dimanches. Liens paroissiaux comme familiaux à vivre dans une même relation, occasion de dire le ‘notre Père’ comme frères et sœurs, de la famille du Père, de me réjouir avec chants, préfaces, et ‘Saint le Seigneur.

– Je pense à ces moments où je t’oublie un peu ou beaucoup, par ma faute, Seigneur ; moments où je sens mes fragilités à répondre aux attentes de tel ou tel, où je ne fais pas rapidement la recherche pour répondre à une question qui m’embarrasse.

J’ai toute ma place aux côtés des deux disciples à qui Jésus dit : « Esprits sans intelligence, lents à croire… » j’ai toute ma place dans le ‘Seigneur prends pitié’, dans le ‘pardonne-nous nos offenses’ et le ‘je ne suis pas digne’.

L’Eucharistie : les moments de nos vies placés sous le regard amoureux de Dieu qui les accueille dans la mémoire de son Fils, mort et ressuscité, comme eucharistiques.

Henri.

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