LA BIBLE LE TEMPS ET NOUS

Dans Texte

Je n’ai pas eu le temps, je n’ai pas pris le temps, le temps m’échappe, le temps s’enfuit…
Le temps est long quand on est seul, âgé et/ou malade, je m’ennuie, je déprime, j’ai peur de mourir…
Notre condition humaine est d’être dans le temps et l’espace. Le temps est primordial, c’est tout le déroulement de notre vie. Jésus lui-même s’est fait homme et a vécu dans le temps. Aux noces de Cana, il a dit : « Que me veux-tu femme ? Mon heure n’est pas encore venue » (Jn 2,4). Par contre en Jn16, 32, il dit à ses apôtres : « Voici que l’heure vient ».

Que nous dit la Bible sur le temps ou plutôt comment peut être vécu le temps, selon les circonstances et les personnes? C’est ce que nous allons essayer de découvrir à travers quelques moments très forts qui nous sont proposés.

La Création

Dieu est hors du temps et de l’espace. Le contraire de nous. Il est de toute éternité, l’Alpha et l’Oméga. Il dit de lui : « Je Suis celui qui Suis ». Et pourtant il va créer le monde et l’humain en sept jours. Il est donc à l’origine du temps. Comment le gère-t-il ?

Dans le premier chapitre de la Genèse qui ouvre la Bible (bien qu’ayant été écrit tardivement), Dieu crée : il prépare un monde bien organisé pour accueillir l’humain. On voit s’écouler le temps, chaque jour apportant de nouveaux éléments. Tout s’imbrique. La progression va vers la Vie. Dieu contemple son œuvre avec bonheur, voire avec tendresse : « Il vit que cela était bon ». Quand tout lui semble prêt, Dieu dit « Faisons l’homme à notre image » et « Mâle et femelle il les créa » (Gn1, 27). Dieu vit tout ce qu’il avait fait. Voilà, c’était très bon. ». Il leur donne un rôle, une responsabilité sur le reste de l’univers. Dieu bénit le septième jour et le consacra ».
Le septième jour Dieu s’arrête et contemple son œuvre. Il médite sans doute et se réjouit « Dieu vit tout ce qu’il avait fait. Voilà c’était très bon » (Gn1,30).

Il émane de ce texte surtout lorsqu’on le lit sans précipitation, humblement, calmement, comme une grande respiration profonde, une respiration de vie.

Ne pourrions-nous pas, surtout en cette période de confinement, prendre le temps de faire les choses en savourant le moment présent où nous sommes en train de créer, si humble et modeste soit notre action, (Guy de Larigaudie ne disait-il pas « Il y a autant de joie à éplucher des pommes de terre qu’à construire une cathédrale »?!). Et se rappeler cette phrase de notre Père du Ciel « Voilà c’est très bon ». Goûtons ce temps retrouvé et gardons-en la saveur pour plus tard.

La traversée du désert

La sortie d’Égypte et la traversée du désert, sous la conduite de Moïse, sont des temps fondateurs pour Israël (Le temps de la Torah, le temps de l’Alliance). Le désert représente un temps d’épreuves où la vie est difficile, parfois sans espérance et qui révèle la fragilité du peuple. Au cours de cette longue marche, combien d’impatience, de doutes, de révoltes ! « Le peuple murmura contre Moïse en disant Que boirons-nous ? »(Ex 15,24) et « assis près du chaudron de viande, il pouvait, en Égypte, manger du pain à satiété (Ex 16,3).

Mais aussi quel approfondissement de la relation avec son Dieu qui est toujours là, présent, protégeant les hommes. « Du haut du ciel, je vais faire pleuvoir du pain pour vous. Le peuple sortira pour recueillir chaque jour la ration quotidienne». Et le peuple continue son périple, acquérant une grande maturation. Dieu le conduit peu à peu vers la Terre Promise c’est à dire la Liberté, la VIE.

Et nous ? En ce temps si étrange et immobile, ne sommes-nous pas appelés à approfondir notre relation à Dieu au lieu de le mettre à l’épreuve en restant esclaves de notre confort, de nos idées, de nos jugements ? Ne sommes-nous pas invités à nous soucier des personnes isolées, malades, démunies ? Ne devrions-nous pas commencer à réfléchir à l’après-confinement » ? Dans quelle société allons-nous nous engager ?

Les quarante jours de Jésus au désert

« Jésus, rempli de l’Esprit Saint, revint du Jourdain et il était dans le désert, conduit par l’Esprit, pendant quarante jours, et il fut tenté par le diable (à la fin des quarante jours) (Lc4, 1-2).

Jésus, homme et Dieu, Jésus Fils de Dieu, a pris conscience de sa mission qui est de faire connaître son Père « Qui me connaît, connaît mon Père ». Il est Dieu mais pleinement homme et ne peut mener cette mission qu’en se remplissant de la force et de l’Amour du Père.

Christine Pedotti écrit dans « Jésus, l’encyclopédie » Ed. Albin Michel 2017 « Jésus s’était enfoncé dans le désert brûlant. Il avait besoin de silence, il lui fallait entrer dans l’ardente solitude de ces lieux où rien ne distrait celui qui veut entendre résonner en lui-même la vérité des choses. La vie et la mort, la puissance et le désir, la crainte et l’émerveillement, tout cela, il devait le déposer sous le regard de Dieu, attendre et se laisser conduire comme autrefois le peuple l’avait fait avant d’entrer dans la terre promise. Il ne craignait pas l’épuisante chaleur car le souffle de Dieu l’emplissait et l’esprit du Très-Haut se joignait à son esprit. »

Et nous, ce temps de confinement bien organisé ne pourrait-il pas être notre « désert » propre à donner plus de place à Dieu au quotidien, pour nous débarrasser de nos soucis, faire confiance à la Vie en accueillant pleinement l’Amour de Dieu ?

Le temps du Mystère Pascal

Ce temps que Jésus a passé au désert doit influencer notre Carême et le confinement. Quarante jours, comme lui, (voire plus) nombre oh combien symbolique dans la Bible ! Quarante jours au cours desquels l’Église nous conduit vers la semaine Sainte et vers Pâques. Jésus est ressuscité, il est vraiment ressuscité. C’est ce difficile mystère que nous devons prendre le temps de méditer car il est le cœur de notre foi, et il nous faut nous dépouiller de tout ce qui nous encombre, rechercher les paroles de Jésus qui prend soin de nous. « Prendre soin de… » est une phrase très saisissante et que l’on entend souvent depuis le début du confinement. Ne nous faut-il pas aussi prendre soin de Jésus par notre prière assidue et intime ? N’oublions pas que Jésus a besoin de nous pour exister !

Allons-nous être, comme les pèlerins d’Emmaüs, saisis de peur, de regrets, d’incompréhension? Ou bien allons-nous, comme eux aussi, repartir vers nos amis pour témoigner de Jésus ressuscité ?

Nous sommes dans le temps et le temps nous appartient si nous savons le prendre, pour nous, pour les autres, avec Jésus qui nous propose l’Éternité. Alors nous serons dans le temps de Dieu, contemplant l’Alpha et l’Oméga, proche de « Je Suis celui qui Suis ».

Josette – Route approfondissement de la foi

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