7ème dimanche de Pâques – 29 mai 2022
Après le verre à moitié plein du Pr Marc pour l’ascension, je vous propose une suite :
un verre plein se vide et un verre vide se plaint. Nous voilà entrainés dans un mouvement sans fin entre désir et accomplissement.
Mais dans l’évangile d’aujourd’hui, il n’est pas question de notre mouvement, mais d’un mouvement particulier, le mouvement de l’Amour de Dieu lui-même.
Ce mouvement tourne autour de 2 mots : l’inclusion mutuelle, non pas une inclusion comme les poupées russes qui se réduisent mais une inclusion qui nous grandit : l’unité.
Attention, aujourd’hui Jésus prie pour nous, ce n’est pas rien ! Sa prière elle-même inclusive :
« Père saint, je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. »
Mais comment entrer dans ce mouvement d’Amour du Fils vers son Père et du Père vers ses enfants ?
Pour cela, en préparant les textes avec Martine Plasse, nous avons dégagé 3 étapes, que je déclinerai par: la note de musique, l’accord et la symphonie.
1- La note
« Père qu’ils soient un »
L’amorce de toute unité se passe en nous, dans l’accueil dans l’accueil de cet enfant blessé que tous nous portons en nous, qui a été blessé : par ses amis, par sa famille, par ses proches. Car la présence de l’autre peut venir raviver en nous la souffrance. C’est un chemin, un chemin d’accueil de ses blessures, non pas en les minimisant, mais en en faisant un point d’ancrage, un point d’ancrage qui nous met en tension, comme la corde d’un instrument.
Reste à nous d’en faire une note juste qui nous ouvrira au juste accord. Sans accueil de nos blessures pas d’accord musical.
2- L’accord du Père et du Fils
« Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un »
Cette acceptation de soi nous confronte à nous même, et vient faire émerger un des fondements de l’unité de notre être : notre recherche de vérité, de connaissance de Dieu.
Nous sommes des chercheurs de vérité, une vérité non pas personnelle mais à vivre dans le mouvement vers l’autre, vers le tout Autre. Une vérité avec pour centre, non pas la satisfaction d’avoir l’impression d’avoir raison, mais une vérité portée par l’unité.
3- Oui mais comment le faire vivre avec l’orchestre ?
« Comme moi en toi et toi en moi »
Comment mettre en pratique ce mouvement même de Dieu, comment le vivre en église avec des instruments si différents ?
Comment accepter cette recherche de vérité dans une église parfois si…, je vous laisse compléter la phrase avec ce que vous portez en vous ?
Pourtant, comme dans une cordée en montagne qui doit rechercher l’unité pour avancer et parfois même pour survivre, le rôle de chacun est vital :
- le premier de cordée, qui ouvre la voie, le précurseur,
- le guide qui nous conduit,
- le sherpa qui porte le matériel,
- le débutant qui permet la transmission…
Chacun est nécessaire mais une seule chose est importante pour le groupe, l’unité.
J’aime beaucoup la figure d’Henry de l’Ubac, précurseur dans le renouvellement de l’église, qui fut interdit d’enseignement par l’église mais qui choisit de rester dans l’unité et qui fut, quelques années plus tard, l’un des piliers du concile Vatican 2 et du renouveau de l’église.
Ne pas taire la vérité mais la partager dans une recherche profonde de l’unité, de l’unité pour laquelle Jésus prie aujourd’hui, cette unité qui nous associe à cet amour de Dieu.
Pour entrer, dans cette démarche je nous propose cette semaine, d’écrire ce que nous portons pour l’église et de le partager, en mettant un gardien bienveillant à notre bouche pour ne pas dire que le négatif. Entrer dans une démarche synodale : dans l’espérance et l’amour bienveillant, il nous en croit capable, faisons-le.
Nous avons ce mouvement d’unité même de Dieu : la note, l’accord et nous avons jusqu’à l’orchestre.
Mais il nous manque l’essentiel, le but.
« Pour que le monde croie que tu m’as envoyé »
Rien que cela ! Quoi de plus signifiant que de regarder les étoiles plus ou moins brillantes du ciel à leur juste place, pleinement épanouies dans leur recherche de vérité et d’unité, et qui ne sont plus seulement des étoiles mais des constellations ou pour reprendre notre métaphore musicale : une symphonie, faisant appel aux différents instruments.
Par la qualité de notre musique, de notre unité, nous sommes l’orchestre de l’amour de Dieu en trois mots : Inclusion, vérité, unité.
« pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux. »
Cyril Malecot, Diacre permanent