14ème Dimanche ordinaire – 7 juillet 2019
(Is 66, 10-14c . Ga 6, 14-18 . Lc 10, 1-12.17-20)
Hier, je suis allé rencontrer une famille. Je vais célébrer le baptême de leur fille la semaine prochaine. Pendant que je parlais avec les parents, les deux enfants avaient construit un barrage avec des coussins et c’était beau de voir leur joie, une joie simple. Et nous ? Qu’est-ce qui nous rend heureux ? St Paul nous donne un motif d’être heureux chaque jour : nous sommes une création nouvelle. Oui, chers frères et sœurs, par le baptême, nous sommes une création nouvelle, le Seigneur nous renouvelle entièrement et au plus profond de notre être. Chaque cellule, chaque parcelle de ce qui fait ce que nous sommes est irriguée de la vie divine, de cette vie éternelle à laquelle nous pouvons déjà goûter dès aujourd’hui. Oui, le baptême nous unit à Jésus-Christ mort et ressuscité, ce qui fait dire à St Paul, « la Croix de notre Seigneur Jésus-Christ reste ma seule fierté », c’est par le don de sa vie par amour sur la Croix que le Christ nous a permis de goûter à tout ce qui fait notre vie avec lui au quotidien, en particulier les sacrements. De quoi avons-nous besoin d’autre ? C’est cet appel au détachement que Jésus fait dans l’Évangile. Aucune sécurité, aucun bien, aucune reconnaissance ne nous est indispensable. Seul l’amour de Dieu révélé par le don de la vie de son Fils sur la Croix est notre assurance-vie, pas uniquement pour les 20 prochaines années, mais pour l’éternité. C’est cela qui doit être notre joie, notre seul motif de fierté. Toute autre joie n’est qu’un reflet de cette joie du Salut.
Que faire quand nous sommes accablés par les épreuves, les difficultés ? Que faire quand la joie n’est pas là ? St Paul continue : « Par la Croix du Christ, le monde est crucifié pour moi, et moi pour le monde ». Lorsque nous ne voyons aucun motif de joie dans notre vie, regardons la vie des autres et réjouissons-nous pour eux : le Christ est mort aussi pour eux, même s’ils ne s’en rendent pas compte. Écoutons aussi la joie du prophète Isaïe, face à la ville de Jérusalem envahie et dévastée : « Réjouissez-vous avec Jérusalem ! Exultez en elle vous tous qui l’aimez ! Avec elle, soyez pleins d’allégresse ! », car le Seigneur ne peut pas l’abandonner, car le Seigneur ne peut pas nous abandonner. Dieu n’est pas absent, il est discret. Pour nous en assurer, regardons les merveilles que Dieu fait dans la vie de nos proches. Lorsque nous verrons ces merveilles dans leur vie, nous comprendrons que le Seigneur est proche des autres mais aussi de nous et que ses merveilles sont grandes aussi dans nos vies.
Et maintenant, que faisons-nous de cette joie ? Comment la communiquons-nous autour de nous ? Comment faisons-nous rentrer l’éternité dans le présent, dans notre quotidien ? Il y a notre action concrète, parfois cachée, pour tous, en particulier pour les plus petits. Mais dans l’Évangile, on entend plus que cela, on entend que les 72disciples agissent au Nom de Jésus, qu’ils témoignent concrètement en son nom. Osons-nous encore dire que nous venons à la messe car cela nous remplit de joie ?
Notre monde, nos contemporains, ont besoin de témoins rayonnants de la joie de Dieu, cette joie d’un Père qui aime tous ses fils et qui veut qu’ils vivent avec lui dès maintenant et pour toujours. Notre monde a besoin de joie, une joie que le monde désire et continue de chercher, parfois maladroitement. Nous savons quelle est cette joie, à nous de la partager, même si nous devons affronter pour cela notre peur et parfois les moqueries des autres. Comme le disait Sainte Bernadette au curé de sa paroisse qui refusait de croire aux apparitions : « je ne suis pas chargé de vous le faire croire, mais de vous le dire ». J’ai une filleule de confirmation qui a 50 ans. Elle est la seule croyante de sa famille, son mari ne cesse de se moquer d’elle à chaque fois qu’elle va à la messe. Et pourtant, elle continue à y aller et continue à témoigner de sa foi auprès de son mari. Eh bien, autant vous dire, qu’elle rayonne, car ce que nous avons reçu, nous devons le donner ; cette joie de l’amour de Dieu pour nous doit rayonner sur notre visage à chaque instant malgré les épreuves. Elle doit être la joie du crucifié sur le point de mourir car il se donne par amour pour tous. Au cours de cette semaine, je vous propose de repérer à la fin de chaque journée, une ou deux merveilles que le Seigneur a fait dans votre vie ou dans celle de vos proches et de le remercier tout simplement pour cela, en laissant monter en vous la joie du psalmiste face à notre Dieu, le Dieu proche, agissant et aimant, et qui lui fait dire : « béni soit Dieu qui ne détourne jamais de nous son amour ! ». Amen.
Nicolas Charrier.