Nativité de Saint Jean Baptiste – 24 juin 2018
(Is 49, 1- 6 / Lc. 1, 57-66. 80) Jubilé du père Henri Moine !
Le récit d’une vocation de prêtre
Comme Isaïe et Jean le Baptiste, je crois que nous vivons et agissons tous selon une vocation intérieure ; pourquoi notre existence s’est-elle orientées de telle ou telle manière ? Qu’est-ce qui nous a fait nous investir dans un choix plutôt que dans un autre ?
« J’ai vécu mon enfance avec mes deux frères, Maurice, André et mes parents en face de l’église des Charpennes. Papa, employé EDF, maman couturière. J’ai le souvenir de la prière, tout petits, le soir ; on était devant Jésus pour lui parler de notre journée. A 12 ans, j’étais enfant de chœur, comme mon frère ; c’était encore une proximité avec Dieu. Le père Boge, prêtre âgé, ancien curé de la sainte Famille, me demande un matin, sur le marché avec maman: ‘’as-tu déjà pensé à être prêtre ?’’ J’ai du répondre que non. Mais à la rentée suivante, je me suis retrouvé pensionnaire, au petit séminaire saint Jean. La vie en internat c’était plein de choses ; entre autres les belles célébrations tous les dimanches à la cathédrale, la beauté pour Dieu, le chant avec la maitrise ; et l’après midi la corvée pour mon frère André qui venait avec maman, puisque je ne sortais que rarement. Moi, ça me changeait la vie.’
Après le Bac, question ; je n’avais toujours pas d’idées claires sur mon avenir, j’ai choisi de tester le grand séminaire à Francheville, pour discerner. Et puis les vacances étaient un lieu de liberté et d’engagements possibles : le centre social du Tonkin, la colonie de vacances de la paroisse dans le Vercors, travail d’équipe avec les moniteurs, soutien du prêtre ; des occasions de me tester, de prendre confiance en moi, timide, dans une vie de groupe et d’expérimenter une manière de suivre le Christ.
Trois années de grand Séminaire, et puis le service militaire ; 16 mois, à l’époque. Dans la marine, embarqué sur un ravitailleur de l’escadre, basée à Toulon. Ca été la vie avec les matelots, la diversité de leurs itinéraires ; quelques uns qui s’exprimaient sur leur lien à l’Eglise ; c’était léger, ils se rappelaient surtout, étant enfant de chœur, d’avoir bu le vin du curé. Je sentais toute la richesse que la vie m’avait déjà apportée dans ma relation à Dieu !
En mer s’est posée la question des dimanches ; il a bien fallu que je me prenne par la main; j’ai proposé que ceux qui le voulaient puissent se retrouver pour prier ; nous l’avons fait à trois ou quatre reprises. J’avais osé m’affirmer, c’était une petite victoire pour moi. Mon histoire m’avait amené à vivre pendant des années, un lien fort avec l’Eglise ; ici, je touchais du doigt l’éloignement de beaucoup de la bonne nouvelle de Dieu, de l’Evangile. Je peux dire que mon orientation vers la vie de prêtre s’est décidée à ce moment. Sans le savoir, ce sont eux qui m’ont appelé définitivement ; 10 ans après la question du père Boge. Merci à tous ceux que j’ai connu qui m’ont aidé à façonner ma vie d’homme et de prêtre en relation.
Retour au grand séminaire ; des prêtres mais aussi des laïcs ont su nous passionner pour la bible, pour l’histoire des hommes et de l’Eglise ; à Rome c’était la grande espérance du concile. Ordonné il y a 50 ans, cela a été ensuite toutes les relations de la vie en paroisse avec souvent beaucoup de vérité et de confiance ; et puis des formes d’appartenance multiples à la vie de l’Eglise ; à la Croix Rousse une équipe d’ainés en J.O.C., l’un d’eux écrivait chez lui son carnet de militant, ce qu’il vivait dans son travail qu’il terminait par une prière et qu’il partageait dans l’équipe.
A Vénissieux, démarche des enfants auprès de la mairie pour l’aménagement de la place, avec des jeux pour les enfants du quartier, couronnée de succès ; ils apprenaient à être responsable de leur vie ; j’ai reçu la force des enfants que Jésus aimait. Bonheur de l’expérience de « la révision de vie », vécue en équipe qui a permis a beaucoup de jeunes et d’adultes de tous milieux une vie d’Eglise à leur niveau et d’approfondir leur relation au Christ.
C’est bien l’écoute de la vie, à plusieurs, éclairée de la Parole de Dieu, de l’Esprit Saint., qui m’a fait découvrir le chemin de ma vocation, qui m’a fait m’essayer à la fidélité, mêlée d’infidélités au Christ ; mais sa présence constante m’a fait y trouver la joie. Merci Seigneur, merci à vous. » // Témoignage suivi de celui de mon frère André, de son épouse, Marie Claude et de mon neveu Philippe.
Henri
Comment je vis ma vocation aujourd’hui.
Pendant plusieurs années, j’ai fréquenté des associations et j’ai acquis des savoirs faire. Mais, je me suis rendue compte que j’avais besoin de donner du sens à ma vie. J’ai écouté cette voie intérieure.
J’ai alors cherché et trouvé un bénévolat qui correspondait à ma recherche. Je suis devenue Blouse rose à l’hôpital pendant 6 ans.
La première année, je l’ai passée auprès de malades à l’hôpital Léon Bérard ;
Puis 5 ans auprès des enfants malades en tant que marionnettiste.
J’ai découvert les relations vraies. Ces regards croisés qu’un sourire, un regard, un geste, relient à l’humanité.
Arrivée dans la Drôme après un temps d’installation et de connaissance, j’ai intégré une association de bénévoles d’accompagnements de personnes en fin de vie à l’Unité de Soins Palliatifs.
Par l’Ecoute…, le Regard…, le Toucher…, la Compassion…, le Silence…, Sans souci de guider, Sans projet pour le malade. Seulement en étant Là, sur son chemin au rythme de son pas. J’ai retrouvé ces relations vraies.
René Claude Baud a écrit « Là où la personne se trouve dépouillée d’un passé, ignorante de l’avenir, dans la fragilité du présent, là elle retrouve la dimension spirituelle de son être. ».
Lorsque l’on entre dans cette dimension de « l’être en vérité », dépouillé de toutes certitudes, on quitte l’ordre de la bonne volonté, des bonnes intentions, et une relation vraie peut s’instaurer.
Ces visites hebdomadaires ont fait grandir mon humanité. Les mourants font vivre en moi l’essentiel de l’être humain, sa Puissance d’Amour. Les mourants m’apprennent à vivre.
Je ne suis pas une grande croyante, j’ai beaucoup de doutes, mais je partage avec mes amis de Actes26, un désir profond de cheminer auprès des malades en fin de vie ou atteints de maladie grave ou évolutive ou en grande vieillesse, Je partage avec mes amis, ce désir profond de les aider à rester Vivants jusqu’à la mort.
Marie-Claude, belle-sœur d’Henri
Vocation !
Henri à très tôt fait le choix du séminaire, la vocation se dessinait.
Moi à 12 ou 13 ans je ne savais pas du tout ce que serait ma vie.
Une vocation ce n’est pas forcément innée. C’est souvent le fait de beaucoup de hasards, de rencontres et bien sûr de l’éducation et de l’exemple que nous ont donné nos parents et notre entourage. Tout cela oriente le parcours de notre vie future.
Pour moi le scoutisme à surement été salutaire et déterminant dans mes choix de vie. L’ouverture aux autres, l’envie de rendre service, un idéal fait de partage.
(De plus le scoutisme m’a donné la grande chance de connaître M.C. grâce à ses frères qui étaient dans la troupe, et ainsi de fonder une famille et avoir des enfants et des petits- enfants.) Marié et père de famille c’est aussi une belle vocation.
Professionnellement, mon activité au centre d’aide par le travail m’a permis de découvrir les handicapés mentaux et toute la richesse et la générosité qui est en eux. C’est sûrement la partie la plus importante de mon activité professionnelle.
Et puis la retraite venue, un engagement aux restos du cœur et à la conférence Saint Vincent de Paul.
Tous ces engagements remplissent la vie, lui donnent un sens, mais aussi apportent beaucoup de plaisir. Plaisir de donner et d’apporter un peu de bonheur à ceux qui en manque.
Ne dit- on pas il y a plus de plaisir à donner qu’à recevoir.
André, frère d’Henri
Vocation citoyenne
Il est vrai qu’on a tous une vocation dans la vie. A la lumière de celle d’Henri nous avons dans la famille cherché à nous engager dans des domaines parfois bien différents. Mais toujours avec la volonté de l’ouverture aux autres. En ce qui me concerne j’ai trouvé ma vocation dans un engagement citoyen, celui d’élu local. Donner de son temps, porter de l’attention aux autres, partager des moments de solidarité entre habitants, accompagner dans la bienveillance, être aux côtés de son voisin, l’écouter sans le juger, c’est aussi faire valoir des valeurs chrétiennes qui sont finalement des valeurs universelles.
Philippe, neveu et filleul d’Henri