Le Saint Sacrement – 11 juin 2023

Dans Homélies

QUI MANGE MA CHAIR ET BOIT MON SANG DEMEURE EN MOI, ET MOI EN LUI. (Jn 6, 51-58)

Ce qui nous fait vivre, c’est le don de la vie du Christ, ce que nous appelons son sacrifice.
Tout au long de l’histoire biblique, on a assisté à une véritable conversion de la notion de sacrifice ; on peut déceler plusieurs étapes dans cette pédagogie qui a pris des siècles.
Au début de l’histoire biblique, le peuple hébreu pratiquait, comme beaucoup d’autres peuples, des sacrifices sanglants, d’humains et d’animaux.
Spontanément, pour s’approcher de Dieu, pour entrer en communion avec Lui (c’est le sens du mot « sacrifier » – « sacrum facere » – faire du sacré), on croyait devoir tuer.
Au fond pour entrer dans le monde du Dieu de la vie, on lui rendait ce qui lui appartient, la vie, donc on tuait.

DES SACRIFICES, SIGNES D’ALLIANCE, AU SACRIFICE VÉRITABLE

La première étape de la pédagogie biblique a été l’interdiction formelle des sacrifices humains ; et ce dès la première rencontre entre Dieu et le peuple qu’il s’est choisi ; puisque c’est à Abraham que cette interdiction a été faite « Ne porte pas la main sur le garçon ! Ne lui fais aucun mal ! » (Gn 22,12).
Et depuis Abraham, cette interdiction ne s’est jamais démentie ; chaque fois qu’il l’a fallu, les prophètes l’ont rappelée en disant que les sacrifices humains sont une abomination aux yeux de Dieu.
Et déjà, dès le temps d’Abraham, la Bible ouvre des horizons nouveaux (avec le sacrifice de Melchisédech) en présentant comme un modèle de sacrifice au Dieu très-haut une simple offrande de pain et de vin (Gn 14,18).
On a pourtant continué quand même à pratiquer des sacrifices sanglants pendant encore des siècles.

La deuxième étape, c’est Moïse qui l’a faite franchir à son peuple : il a gardé les rites ancestraux, les sacrifices d’animaux, mais il leur a donné un sens nouveau. Désormais, ce qui comptait, c’était l’alliance avec le Dieu libérateur.
Puis est venue toute la pédagogie des prophètes : pour eux, l’important, bien plus que l’offrande elle-même, c’est le cœur de celui qui offre, un cœur qui aime.
Osée a cette phrase superbe que Jésus lui-même a rappelée : « Je veux la fidélité, non le sacrifice » (Os 6,6).
Michée résume magnifiquement cette leçon : « Homme, on t’a fait connaitre ce qui est bien, ce que le SEIGNEUR réclame de toi : rien d’autre que respecter le droit, aimer la fidélité, et t’appliquer à marcher avec ton Dieu. » (Mi 6,8).

On découvre ce qu’est le véritable sacrifice que Dieu attend de nous ; sacrifier (faire du sacré), entrer en communion avec le Dieu de la vie, ce n’est pas tuer ; c’est faire vivre les autres, c’est-à-dire mettre nos vies au service de nos frères.
Le Nouveau Testament présente souvent Jésus comme ce Serviteur annoncé par Isaïe ; sa vie est toute entière donnée pour les hommes. Elle est le sacrifice parfait tel que la Bible a essayé de l’inculquer à l’humanité. « Le pain que je donnerai ; c’est ma chair donnée pour que le monde ait la vie ».
Et désormais, dans la vie donnée du Christ, nous accueillons la vie même de Dieu : « De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi ».

Yvel Germain, prêtre

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