2ème dimanche de carême – 12 mars 2022

Dans Homélies

Aujourd’hui, nous quittons le désert et nous allons faire un sommet, le Tabor, avec des tentes comme matériel.
Pourtant, ce n’est pas le bivouaque que nous découvrons, mais le Mystère de Dieu.
Le chemin s’ouvre en 2 étapes  indissociablement liés :

  • La révélation de Dieu par l’expérience de la beauté de la gloire de Dieu.
  • Et à la réponse à la question auquel nous sommes souvent confrontés :
    Que fait Dieu face à la souffrance ?

1.      La révélation

Sur ce sommet, les 3 disciples ont la surprise de retrouver Moïse et Élie, ces hommes de l’ancien testament, qui, après passage au désert pour fuir le pouvoir et les faux prophètes, se sont retrouvés sur une montagne (le Sinaï, l’Horeb). Sur leur montage ils ont fait l’expérience de Dieu.
Jésus converse avec eux.

Comment les disciples savaient que c’était Moïse et Élie ?

C’est la 1ère étape, ouvrir notre cœur à la révélation du Mystère de Dieu, cette étape n’est pas de l’ordre rationnel, mais une rencontre avec notre histoire, avec nos pères dans la foi. Uniquement 3 de ces disciples sont les témoins visuels de ce moment : le point culminant de la manifestation éblouissante de la gloire de Dieu.

Réaction de Pierre

Face à cette rencontre, Pierre souhaite de dresser 3 tentes.
Il faut savoir qu’avant la construction du temple, la rencontre avec le divin ce faisait sous une tente, la tente de la rencontre, sur laquelle venait reposée une nuée lorsque la gloire de Dieu remplissait cette demeure. Ex 40,34
Pierre ne sachant que dire, reconnait juste cette présence.

2.      Pourquoi la gloire de Dieu se manifeste à ce moment, qu’est ce que cela nous révèle ?

C’est la 2ème étape, Jésus, s’entretient avec Moïse et Élie sur son projet de vie dans les prochains jours. Il accepte de ne pas simplement annoncer le royaume de son Père, mais de retourner à Jérusalem pour incarner la parole, l’Amour de Dieu.
De devenir, dans sa chair, la marque indélébile de l’amour de Dieu pour nous. Il choisit comme chemin celui de la gloire à la croix dressée.
« De la Gloire à la Croix » est le titre de l’œuvre du Théologien Hans-Urs von Balthasar. Qui présente, en particulier, cet amour de Dieu dans une logique de substitution : « où est le plus grand amour : dire à une personne qui va mourir : « Je suis solidaire de votre souffrance », ou bien : « Je prends ta place » et le faire ? »

Jésus fait descendre la gloire de Dieu dans la souffrance, l’abandon et la mort. C’est dans cette acceptation que se déploie la gloire de Jésus.

Réaction du Père

Le rayonnement fait place à la nuée, le Mystère divin est à nouveau caché mais la nuée couvre aussi les disciple et de cette nué jaillit la voix du Père en 3 mouvements :

1) Reconnaissance du Fils,
2) celui que j’ai choisi / Bien aimé (St Julien) : fait référence au chant du serviteur d’Isaïe (Is 41,1-9 Serviteur que je soutiens ; Is 49,1-7 Dès le ventre de ma mère il a répété mon nom).
3) Écoutez-le

Et moi ?

Par l’écoute du Christ, le point d’entrée, nous sommes nous aussi, choisis, appelés par notre nom, et cela va, grâce au Christ, et cela va jusqu’à notre adoption par le Père comme ces enfants.
Nous aussi nous sommes appelés à recevoir cette reconnaissance pour nous, pour la transmettre :
Lc :  Celui-ci est mon Fils, (ma fille), celui que j’ai choisi :écoutez-le !
Mc : Celui-ci est mon  Fils, (ma fille), bien-aimé : écoutez-le !
Associés au Christ, nous devons transmettre, nous aussi, cette parole incarnée dans notre vie.
Balthasar nous le précise ainsi : C’est donc par amour que le Fils vient en ce monde; et il multiplie les intermédiaires et les rend transparents à sa présence active pour pouvoir rejoindre le fidèle : l’Écriture, l’Église (chap. VI), le cosmos et l’histoire (chap. VII).
Aux paroles du Père d’aujourd’hui, il y aura l’absence de réponse du Père à la prière de Jésus au mont des Oliviers pendant l’agonie puis, sur la croix au mont Golgotha, que le Christ va traverser pour nous pour rendre présent Dieu même au plus profond de l’abime.

La parole vivante, c’est ce choix de Dieu, par rapport à la souffrance : faire de la souffrance non plus une malédiction mais un lieu de déploiement de l’Amour de Dieu, de la présence de Dieu.

Lors d’une visite à l’hôpital au service des amputés, un des pensionnaires me confiait la peur de ses amis d’aller le visiter car il lui manquait un membre. Il me confiait qu’il n’avait pourtant pas changé et que lui aussi cherchait son membre manquant.
La souffrance fait peur.

Pourtant nous sommes appelés, avec le Christ, à porter sa lumière dans les ténèbres, à ne pas hésitez à nous confronter à la souffrance.

3.      Proposition concrète

Je vous invite pendant cette semaine à entrer dans cette démarche de partage au cœur de la souffrance, non pas en niant ou minimisant son existence mais en lui faisant fasse en vérité et en partageant ce qu’elle nous fait vivre.

Pour cela 2 propositions :

  • soit vous pouvez aller vous mettre à l’écoute d’une personne qui souffre dans votre entourage,
  • soit, si vous êtes vous même confronté à cette souffrance, partager ce que cela vous fait vivre avec quelqu’un.

Pour découvrir ensemble, concrètement, la beauté de la gloire de Dieu dans nos vies au cœur de notre souffrance.
Comme le dit St Paul « nous sommes citoyen des cieux, d’où nous attendons comme sauveur, celui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux. »

Cyril Malecot, Diacre permanent

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