Homélie 22ème dimanche du temps ordinaire – 30 août 2020
(Jér. 20, 7-9 / Ro. 122, 1-2 / Mt. 16, 21-27)
J’étais absent en ce début de semaine, parti pour trois bonnes journées au Carmel de Mazille (7- 8 Kms de Cluny). C’est un carmel avec 23 religieuses cloitrées et en même temps très ouvertes à la vie de l’Église d’aujourd’hui et à la vie du monde. J’avais pris comme point d’appui un livre relatant la retraite prêchée par un prêtre, Maurice Zundel, à une communauté franciscaine du Liban en juillet 1959. On définit ce prêtre, Maurice Zundel, trop peu connu comme un géant de la spiritualité chrétienne. Avec le témoignage de vie du Carmel, j’ai été aidé par cette lecture, à regarder où j’en suis dans mon identité chrétienne, rejoignant tout à fait la Parole de Dieu qui nous est proposée pour ce 22è dimanche. Il y a en moi comme en toute personne une distance entre le moi que je pense être, tel que je me vois, tel que je me défini, et le moi tel qu’il est perçu par l’entourage, marqué, par ce qu’a été mon existence, par ce qui m’a imprimé tel que je suis et dont je ne suis pas ou peu conscient. Mon inconscient oriente ma vie parfois autrement de ce que mes paroles peuvent laisser entendre. C’est l’exemple donné dans l’Évangile quand Jésus est invité chez Marthe et Marie, les sœurs de Lazare. Marthe se démène beaucoup pour préparer le repas, elle en fait, elle en fait jusqu’à s’épuiser et elle en parle à Jésus : « ma sœur ne m’aide pas, dis-lui ! » Mais Jésus donne raison à Marie.
Nous avons tous besoin d’être reconnu par les autres comme des personnes dont l’existence a de la valeur et mérite de l’estime ; et Marthe, par son existence que nous ne connaissons pas, a eu un manque de ce côté-là, elle n’en a pas conscience elle-même ; mais c’est dans son inconscient. Sa sœur Marie dont l’évangile ne nous dit pas qu’elle était paresseuse ou fainéante, elle, n’a pas ce manque, elle se sait reconnue, à sa juste valeur, estimée par Jésus et sans doute par beaucoup d’autres personnes. Elle a dépassé le stade d’en faire toujours plus pour être reconnue avec ses valeurs à elle. Marthe va avoir besoin d’une présence aimante, celle de Jésus, celle de Dieu lui-même telle que sa sœur Marie a su la découvrir grâce à l’affection de beaucoup autour d’elle. Marthe a conscience qu’elle fait ce qu’il faut pour bien accueillir Jésus ; mais ne le fait-elle pas pour être rassurée devant son invité, pour lui montrer qu’elle existe, ce dont elle n’est pas tout à fait certaine elle-même ? Il nous faut naître à nouveau, dira Jésus, (avec Nicodème Jn. 3,3), naître à cette nouvelle identité d’être une personne aimée par les autres et par Dieu, et le croire ! ce qui va permettre d’être sans paroles agressives, autrement que Marthe, en paix dans nos relations, ce qui était l’angoisse du prophète Jérémie, notre 1ère lecture. Transformez-vous ou laissez-vous transformer par l’Esprit Saint en renouvelant votre façon de penser, de vous voir disait l’apôtre Paul dans sa lettre à la petite communauté de Rome. Et pour suivre l’invitation de Jésus à l’apôtre Pierre dans l’évangile: « que vos pensées ne soient pas celles des hommes, mais bien celles de Dieu. ». . . Demandons au Seigneur la grâce d’une Nouvelle Naissance, de savoir renaître à notre vie de baptisés. Henri Moine, prêtre.
