Jeudi Saint – 18 avril 2019
Homélie Jeudi Saint. (Jn. 13, 1 – 15)
Ces temps-ci nous pensons beaucoup à l’Église ; l’Église semble un peu disqualifiée pour bon nombre de nos contemporains. L’affaire du prêtre Bernard Preynat, sa mise en jugement pour les abus commis sur des jeunes a choqué, a meurtri croyants et non croyants. Et la parole s’est libérée ; beaucoup de souffrances cachées ont pu s’exprimer ou commencent à l’être, dans tous les groupes, ceux qui forment la société civile également. L’incendie de N.D. de Paris, l’afflux des dons pour sa reconstruction pose aujourd’hui des questions sur les sommes énormes que certains groupes se disent prêts à donner, question sur le pouvoir que donne l’argent … ! et les sans toits qui dorment dans les rues ! L’Église c’est d’abord les pierres vivantes que sont les hommes et femmes que Dieu aime !
Nous, peuple des chrétiens prenons conscience des fragilités qui nous habitent ; fragilités de certains, oui, mais attention à ne pas nous contenter d’être dans la condamnation, rappelons-nous la parabole de Jésus sur la paille et la poutre qui risque d’être dans notre œil !
Un certain visage de l’Église toute puissante qui pouvait encore subsister s’est trouvé ébranlé ; c’est douloureux, mais la clarté est meilleure que l’obscurité, « celui qui fait la vérité, vient à la lumière » nous rappelle saint Jean qui cite Jésus, dans son évangile. Appel à de la clarté sur nos relations avec notre entourage, clarté sur « qui nous devons être » : des hommes et des femmes, qui prennent leur tablier de service, selon le témoignage de Jésus dans ce repas, la veille de donner sa vie sur la croix ; lavement des pieds de ses disciples, comme les esclaves qui à leur époque, s’occupaient de leur maitre après une marche fatigante, image symbolique qui parle et aux femmes et aux hommes qui s’occupent de leurs enfants, de leur bonne santé avec beaucoup d’affection. Serviteurs ! Pour bien faite comprendre que la vie appartient à ceux qui savent se donner, chacun à sa manière ; « ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne » avait déjà dit Jésus à ses apôtres en voyant l’hostilité des chefs du peuple grandir envers lui.
Comprenez-vous ce que je viens de faire ? Comprenons-nous ce qu’il vient de faire ? Est-il un modèle à imiter ? Pas seulement ! Il s’agit bien plutôt de voir l’Esprit de Dieu qui habitait Jésus, nous habiter nous aussi, ou mieux : aller nous-mêmes puiser l’Esprit Saint qui était à l’œuvre en lui, pour nous faire produire ce fruit d’offrande de nous-mêmes, au jour le jour. Pas nous au centre, mais l’Esprit de Dieu au travail, en nous
Merci, Père, pour toutes les manières dont nous nous mettons au service, surtout des plus délaissés, des plus angoissés, merci de combattre avec ton Esprit Saint toutes les fragilités, toutes les pauvretés en nous, autour de nous et à notre portée.