22ème dimanche du Temps Ordinaire – 2 septembre 2018
« Quand le sage désigne la lune, l’idiot regarde le doigt » disait le philosophe Chinois Confucius.
Dans l’évangile d’aujourd’hui, le doigt pourrait s’apparenter à la tradition des pères.
Nous serions tentés de croire, avec une lecture rapide, que Jésus passe au-dessus de cette tradition. Il n’en est rien, nous pouvons noter, d’ailleurs, qu’il la pratique lui-même, seuls ses disciples ne se sont pas lavés les mains.
Pourtant Jésus interpelle les pharisiens à ne pas en faire la source de leur enseignement, à ne pas la détourner à leur profit, comme ils le font dans le petit passage qui a été enlevé, pour pas que l’évangile soit trop long, que je vous invite à lire chez vous. Passage où une somme d’argent permet de s’affranchir de certaines obligations de la loi.
Jésus les interpelle en les traitants d’hypocrite car, comme pour le doigt, ce n’est pas dans l’application des rites, que nous serons rendu purs, mais ils permettent, s’ils ne sont pas détournés, de nous faire comprendre, de nous faire vivre physiquement quelque chose de plus grand. Il s’agit, ici, de la pureté intérieure. L’impureté dont il est question, est à prendre au sens de ce qui altère, de ce qui fausse notre relation avec Dieu et notre prochain.
Et là, tout se passe dans notre cœur.
Mais si la tradition était le doigt, la direction donnée à notre cœur, que désignera-t-elle ? Que serait la lune ? Qu’est-ce que nous montre la tradition de si grand ?
Tous les textes d’aujourd’hui convergent vers cette réponse : la loi de Dieu.
Car ce n’est pas simple à entendre, la loi de Dieu, il y a donc des prescriptions, des ordres, des préceptes.
Le deutéronome en liste 613 (248 positifs, 365 négatif), 10 commandements sont dictés à Moïse, et Jésus nous les résume à 2 : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme et ton prochain comme toi-même. »
C’est plus facile à retenir mais pas plus simple à mettre en œuvre chaque jour.
Mais plus qu’une simple liste, Jésus n’est pas venu abolir loi mais l’accomplir. Par le don de sa vie, il en devient le verbe.
La loi de Dieu trouve sont pleine accomplissement dans l’incarnation. Dieu qui c’est fait homme.
Ces préceptes à respecter sont devenus, par Jésus, par l’annonce de l’Amour du Père puis par le don de sa vie, une loi d’amour à vivre, une parole vivante. Cette parole, est annoncée et vécue dans la chair par Jésus.
Non pas par le haut, mais au contraire, il s’est abaissé pour nous rejoindre d’abord dans notre cœur, dans nos pauvretés jusque dans les ténèbres de l’absence, de la mort.
Car c’est bien une question de vie ou de mort !
Nous avons vécu autour du décès de Kevin, qui a tant apporté à notre paroisse et autour de lui, et que nous vivons avec ceux qui nous ont quittés, une profonde, une indicible blessure, qui est portée par la prière.
Jésus vient nous y rejoindre, pour en faire avec nous un chemin de vie. Il nous accompagne dans cette traversée et nous ouvre les portes de la demeure d’amour de son Père.
Mais pour ouvrir notre cœur à cette loi d’Amour, pleinement accomplie dans le Christ, il me faut d’abord l’écouter.
La 1ère lecture commence par ce mot écoute et l’évangile se termine de même.
Une écoute présente : « être à l’écoute des signes des temps » comme le dit le concile Vatican 2 dans Lumen Gentium.
Une écoute indissociable de la mise en pratique, la parole est semée en nous, nous dit Saint Paul, pour quelle grandisse, pour qu’elle nous engendre. Et nous pourrons dire comme Sainte Thérèse en parlant de Jésus : « Vivre d’Amour c’est vivre de sa vie. »
Ce week-end Marie-France et Michel parent d’Isabelle et beaux-parents de Régis, fêtent leurs 50 ans de mariage, ils ont témoigné, dimanche, d’une vie d’un amour qui se construit chaque jour tournée vers les autres.
Pour mettre en pratique la parole, pour la vivre, je vous invite, en ce temps de rentrée, à prendre un temps d’écoute de la parole, à laisser de la place dans nos emplois du temps, pour la faire grandir en préparant les textes du dimanche, personnellement ou le mardi soir en paroisse, pour la murir en nos cœurs, la laisser nous habiter, nous transformer en mettant en pratique ce qu’elle procure en nous, qu’elle puisse grandir et nous travailler de l’intérieur.
Car l’appel de Dieu, pour nous, n’est pas suivre aveuglement des préceptes.
Mais de rendre, chaque jour, par sa loi d’amour, qui est parole vivante et incarnée, notre cœur pur, libre d’aimer et de partager cet amour à ceux qui en ont besoin et comme le dit Saint Paul : « d’espérer au-delà de toute espérance. »