Journée internationale des personnes handicapées 3 décembre 2025
Journée internationale des personnes handicapées
3 décembre 2025 – Saint-Julien de Cusset
On mange beaucoup avec Jésus. Il n’y avait rien à manger au début, mais finalement tout le monde mange à sa faim et il en reste. Et tout à l’heure, le prophète Isaïe nous parlait d’un grand festin : « Le Seigneur préparera sur sa montagne un festin de viandes succulentes et de vins décantés ». Tout le monde n’aime pas la viande ni le vin. Mais on comprend bien que le Seigneur nous prépare une grande fête. Quel genre de fête ? Évidemment, il n’est pas question de passer sa vie à boire et à manger. Encore moins l’éternité !
Mais il est question de joie. Dans un repas, qu’est-ce qui donne la joie ? Il y a ce qu’on mange. Moi qui ne sais pas bien cuisiner, et qui ne prends jamais de viande ni de vin quand je suis seul, j’aime pourtant bien la bonne cuisine, la bonne viande et le bon vin. Oui il y a de la joie lorsqu’on mange bien. Mais ce qui est plus joyeux c’est de partager le repas. C’est de manger ensemble. Manger seul ce n’est pas bien drôle. Manger ensemble ça peut être très joyeux. Pas toujours, car dans quand on est en famille, quand on est dans un foyer, dans une résidence, même dans une communauté, ce n’est pas toujours la joie. Si chacun est devant son assiette et ne s’intéresse pas aux autres, s’il y a des tensions dans la famille ou dans la communauté, l’ambiance du repas n’est pas terrible. Mais si on vit de belles choses ensemble, si on s’aime, si on se réconcilie après les disputes, si on sait ouvrir sa table à d’autres, alors il y a de la joie. Parce que ce qui donne de la joie c’est l’union des cœurs.
Alors Dieu nous propose de la joie, beaucoup de joie. C’est ce qu’on voit avec Jésus. Qui y a-t-il autour de lui ? Toute une foule, et pas n’importe qui : des boiteux, des aveugles, des estropiés, des muets. Et ils sont là depuis combien de temps ? Depuis trois jours, dit Jésus. Qu’est-ce qu’ils font avec lui depuis trois jours ? Ils l’écoutent, ils ne se lassent pas de l’écouter. Ils sont avec lui, et ils ne se lassent pas d’être avec lui. Jésus leur parle, mais aussi il les guérit. Alors bien sûr, c’est une joie de voir toutes ces guérisons, tous ces estropiés qui se mettent à marcher, tous ces aveugles qui se mettent à voir, tous ces sourds qui se mettent à entendre, tous ces muets qui se mettent à parler. Les gens ne voient pas le temps passer, même s’ils n’ont rien dans le ventre. Mais Jésus a pitié d’eux et va les nourrir. Même si ce n’est que du pain, c’est un grand festin. Car pour quelqu’un qui a faim, la moindre nourriture donnée avec amour remplit non seulement le corps mais aussi l’âme.
Nous sommes nous aussi aujourd’hui rassemblés autour de Jésus. Des boiteux, des aveugles, des estropiés, des muets. Nous tous, avec nos handicaps pas forcément visibles. Nous sommes là avec Jésus. Et il y a de la joie avec Jésus. Pourtant Jésus ne nous a pas rendu nos jambes, nos bras, nos oreilles, nos yeux, et il n’a pas enlevé les chromosomes qui nous rendent différents des autres. Il y a de la joie avec Jésus parce qu’avec Jésus il y a de l’amour. Et déjà son amour fait du bien. Et si dans l’Évangile il enlève les handicaps, c’est pour nous annoncer qu’un jour il n’y aura plus de handicaps. Il n’y aura plus de handicaps mais il y aura toujours l’amour qui aura poussé sous le handicap, comme l’herbe pousse sous le goudron et un jour le fait éclater. La vie de Dieu, l’amour de Dieu doit un jour nous donner la pleine santé. Et tout ce que nous aurons donné comme amour, avec ou sans handicap, Jésus le multipliera comme il a multiplié les pains. Tous les efforts que nous aurons faits pour ne pas nous fermer sur nous-mêmes, pour ne pas rester dans la colère ou la tristesse, pour sourire aux autres même quand ça ne va pas, ils se transformeront en joie.
Aujourd’hui, certains n’ont pas les yeux pour voir le monde, mais ils savent voir beaucoup de choses avec le cœur. Certains n’entendent pas les sons mais entendent bien quand Dieu leur parle. Certains n’arrivent pas à parler comme les autres, mais savent bien communiquer leur foi. Certains n’ont pas l’usage de leurs jambes mais suivent Jésus partout. Certains n’ont pas toute leur tête mais ont tout leur cœur et comprennent Jésus mieux que personne. Et moi, qui ai mes deux bras et mes deux jambes, moi qui ai mes yeux et mes oreilles, moi qui ai fait des études, moi qui parle si souvent de Dieu, je suis bien handicapé pour entendre le Seigneur me parler, pour exprimer mon amour de Dieu, pour donner de l’amour à tous, sans juger. Et malgré mes bras et mes jambes, je manque de souplesse pour faire en toutes circonstances la volonté de Dieu. Mais Jésus peut me guérir, nous guérir de tous ces handicaps ! Et un jour il nous réunira dans la grande joie de son amour qui guérira à la fois les corps et les cœurs, il qui nous remplira de lui, qui est l’amour même et il nous fera vivre de lui.
Ce soir déjà, nous sommes avec Jésus, nous sommes ensemble dans l’amour de Jésus, Jésus, dans la joie de Jésus. Il va nous donner son pain, il va se donner comme du bon pain. Ce repas prenons-le comme un apéritif. C’est l’apéritif du grand festin de son amour.
+ Thierry Brac de la Perrière