Fête de tous les Saints – 1er novembre 2022

Dans Homélies

Toussaint ! Rien à voir avec la fête commerciale d’Halloween, fête américaine créée pour relancer l’économie à une période où elle est souvent morose. Ces temps-ci dans notre monde, nous sommes inquiets, spécialement depuis le début de la guerre en Ukraine et de ses conséquences visibles même Pour nous. Toussaint est la fête des vivants. Si en ce jour, nous pensons à tous les vivants qui nous ont précédé dans la foi et qui sont décédés, c’est parce que la Toussaint est un jour férié, alors que le 2 novembre, journée des défunts ne l’est pas et que ce jour-là très peu de personnes ont la possibilité de se retrouver à l’église pour prier.

 À la Toussaint Dieu nous invite à l’espérance. Il veut que nous soyons heureux, mais ce bonheur nous ne le trouvons pas dans la force qui opprime, mais dans l’amour libéré de tout égoïsme, de toute violence. Le bonheur nous ne le trouvons pas dans l’abondance de la consommation. (Il y a une trentaine d’années, je me suis retrouvé dans une très grande surface lyonnaise, avec un couple de Mexicains ; je les ai invités à regarder le n° écrit à côté de chaque caisse ; il y en avait 98 ; la dame qui a vu ce nombre, m’a regardé en disant « Quelle horreur ! » Ces deux mots en disaient long, sur son écœurement devant la course à la consommation.) Le bonheur ce n’est pas étant injuste ou dans la pornographie, que nous pouvons le trouver.

Le bonheur que Dieu promet dans l’évangile : avoir un cœur de pauvre, un cœur capable d’accueillir l’autre, de l’écouter, de le comprendre, avoir un cœur qui fait une place à Dieu par la prière, par la lecture des évangiles. Devant Dieu, nous sommes tout petits ; or l’homme se hisse trop souvent comme le seul maître, mettant Dieu aux oubliettes, le voyant parfois comme un mirage, allant jusqu’à nier son existence. C’est vrai, on ne voit pas Dieu, personne ne l’a vu, si ce n’est Jésus-Christ. C’est Lui qui nous a laissé les Béatitudes ; leur force, c’est que lui-même les a vécues.
Dans un monde où sévit de plus en plus la violence, Jésus a voulu montrer la tendresse, la miséricorde de Dieu ex : quand Jésus se laisse approcher par un lépreux « Jésus étendit la main et le toucha » (Marc 1 /40-45) Ce geste fraternel est cité dans les trois évangiles synoptiques.
Heureux les artisans de paix, ceux qui font la paix. Pour faire la paix, il faut d’abord avoir la paix intérieure.
Heureux les justes, ceux qui savent s’ajuster à Jésus-Christ, à Dieu, et qui parfois, à cause de cela, peuvent être mal vus et parfois persécutés par leur entourage.
Être saint c’est essayer de vivre en communion avec le Seigneur le seul vrai saint. Les premiers chrétiens étaient appelés les « Saints ». La mission de l’Église est sainte, même si celle-ci est souvent pécheresse ; le rapport Sauvé nous l’a rappelé. Le jour de la Toussaint, nous fêtons tous ceux et celles qui essayent de vivre de la Sainteté de Dieu. Il y a les saints du calendrier, ceux dont nous portons souvent les prénoms, mais ceux qui ne seront jamais sur le calendrier sont bien plus nombreux. Ils vivent une proximité de relation avec le Christ parfois très forte, mais ils sont ignorés parce qu’ils n’ont pas fait parler d’eux. Une mère de famille qui accomplit humblement ses tâches ménagères. Un père qui va au travail même quand il est fatigué, parce qu’il faut ramener un salaire à la maison. Un jeune étudiant qui travaille régulièrement sans prendre trop de loisirs qui mordraient sur son temps de travail, peut être aussi un saint. Par ses seules forces, difficile d’être saint ; on a besoin, de vivre en présence de Dieu, de Jésus-Christ, dans un cœur à cœur avec lui ; on a besoin de s’ajuster à l’amour de Dieu, à sa miséricorde. On ne peut pas être chrétien sans Jésus-Christ. Ce n’est pas toujours facile de pardonner, on a besoin de se laisser transformer par Dieu. Pour cela dans la prière, l’écoute de sa Parole est plus efficace que notre propre parole. Quand on prie, on aime parler, il faudrait arriver à aimer écouter. Ce n’est pas nécessaire forcément d’aller pour cela dans un monastère pour se recueillir, même si ça peut être utile ; on peut consacrer un temps de recueillement dans sa chambre, mais il est important de s’y tenir. Nous sommes tous appelés à être des saints ou saintes, à vivre de la sainteté de Dieu. Le monde a besoin de saints et saintes.

Seigneur, en cette fête de Toussaint, viens nous visiter, viens demeurer en nous. Apprends-nous à fixer un temps de rencontre avec toi et de nous y tenir. Fais de nous les témoins de la joie de vivre avec toi ; c’est un peu la mission que tu nous donnes aujourd’hui. Donne-nous la force d’une pincée de levain, soigneusement préparé, qui soulève la pâte. Amen !

Père Xavier

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