Homélie 4ème dimanche ordinaire – 31 janvier 2021

« Es-tu venu pour nous perdre ? » C’est le cri de l’esprit impur dans l’évangile.

Nous sommes à Capharnaüm qui se traduit la ville de la consolation, lieu où le Jourdain se jette dans le lac de Tibériade, c’est le jour du Shabbat, le jour de la délivrance.
Jésus enseigne avec autorité et nouveauté. Et voici qu’un homme tourmenté par un esprit impur, qui se mit à crier.
Un esprit impur ne se réduit pas une connotation uniquement sexuelle, c’est tout ce qui nous sépare de Dieu : le péché, la peur, la souffrance, nos préoccupations, nos certitudes. C’est ce qui me sépare de Dieu le déclencheur de ce cri.
Ceux qui le souhaitent ont participé avec le Pr Damien à la découverte de ce qu’est la crainte de Dieu, non pas comme la peur mais comme la rencontre respectueuse et empreinte de vérité.

Raté
Mais 2 écueils nous font passer à côté de la rencontre :

1) Je ne suis pas concerné
Peut-être que certains ne sont pas révoltés et vivent une vie bien tranquille, ce qui m’arrive quand je me laisse porter par le rythme de je suis trop bien chez moi : pourtant il m’est nécessaire d’ouvrir les yeux sur les injustices, la souffrance :
« Lors de ma mission au Médipôle, j’ai été frappé par la présentation du service du funérarium pendant 10 heure/jour, il s’occupe d’accompagner les familles dont parfois ce sont des nouveaux nés qui décèdent ».
Mais aussi dans ma maison, les pardons non donnés : « Pourquoi pardonner, j’ai quand même raison ». Ici le mal, c’est une fierté mal placée, la route, que je suis, ce n’est pas celle du bien.

C’est dans ce réveil lucide face à l’inexplicable que je perçois celui qui me sauve, celui qui m’aime et qui n’attend que moi.

2) Rien de nouveau
« Je sais qui tu es » : Même si les mots employés sont juste « le Saint de Dieu », c’est le poison de toute relation, d’une relation amicale, d’une relation amoureuse, de la relation avec Dieu, enfermer l’autre dans ma perception.

L’écoute de la parole de Dieu, de l’enseignement toujours nouveau de Jésus, voila l’appel des textes d’aujourd’hui.

Cette écoute qui entraine l’unification de mon être, comme le dit Saint Paul d’ « avoir un cœur sans partage [pour Dieu] ». Cette découverte de Dieu se fait par l’écoute de l’enseignement du Christ avec autorité et nouveauté.

But : La rencontre
C’est enfin le temps, non plus de l’enseignement, de la connaissance de Dieu, mais de la rencontre avec celui qui nous libère.

Ce cri déchirant de notre souffrance ouvre à cette rencontre personnelle, par ce mot au mal qui m’habite :

« Silence », en grec « soit muselé », c’est le même terme que Jésus employait pour la tempête apaisée.

« Sort de cet homme » c’est avec violence et par un nouveau cri que toute cette rancœur, cette violence, cette peur, sort de cet homme.

Pour moi aussi, elle est appelé à sortir, pour que je sois à nouveau libre, libre d’aimer et de recevoir l’autre. Comme le patriarche Athënagoras a écrit dans le texte, dont voici un extrait :

Il faut mener la guerre la plus dure contre soi-même. Il faut arriver à se désarmer. J’ai mené cette guerre pendant des années, elle a été terrible. Mais maintenant, je suis désarmé. Je n’ai plus peur de rien, car l’amour chasse la peur.

Je vous invite à ramener chez vous et à vivre, se désarmer.

« Silence, sort de cet homme ». Par cette phrase de Jésus au mal et en écho avec la renonciation au mal de notre Baptême, désarmons-nous du mal, laissons nous sauver. Soyons exigeant de la place de l’amour et de la rencontre dans nos vies.

Cyril Malecot, diacre.

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