Homélie 16ème dimanche du temps ordinaire – 19 juillet 2020
Frères et sœurs, nous poursuivons notre chapitre 13 de Matthieu. Là encore une parabole associée à deux petites paraboles, une explication du langage en parabole et une interprétation de la parabole de l’Ivraie.
Tout d’abord la parabole de l’ivraie dans la suite de la parabole du semeur. 2 choses m’interpellent :
- Au cœur même du champ de bonne terre qui est censé donné à fond, pendant que les gens dormaient l’ennemi vient. Dieu n’empêche pas le mal, Dieu n’empêche pas la zizanie dans nos vies. C’est le sens du mot ivraie. Cela survient quand les gens s’endorment : par quoi en nos vies nous nous laissons endormir ? Il y a quelque chose de notre liberté qui s’exprime là. Et puis peut être que ce sommeil et cette venue possible de l’ennemi dit quelque chose de nos fragilités, de notre péché, de nos difficultés à résister au mal, à l’ennemi.
- 2ème étonnement rejoignant tellement nos vies, ma vie, la réaction des gens : veux que tu que nous allions enlever l’ivraie Seigneur ? Nous cherchons une perfection, nous pensons que la vie, notre vie, celle des autres c’est soit noir, soit blanc, et si c’était gris, mélangé. Le Seigneur le sait, la vie est toute en nuances, en chemin progressif, comme l’explique ensuite les deux petites paraboles. Et puis, comme l’indique la première lecture, le maître nous rappelle qui es-tu pour juger ton frère ? pour vouloir arracher le mal dans sa vie. Il en est de même de ta vie, si dans le souffle de l’Esprit, tu perçois, tu discernes ce à quoi le Seigneur t’appelle, ta vie est beaucoup plus complexe, t’échappe beaucoup plus que tu l’imagines, seul le Seigneur sait l’intime de l’intime, la cause de la cause de telle ou telle action.
Puis le pourquoi du langage en parabole. Dévoilé ce qui est caché et qui n’aura jamais fini d’être dévoilé. D’où le fait que le langage en parabole qui ouvre un chemin de compréhension toujours à faire, qui donne à accueillir sans comprendre immédiatement est particulièrement adapté au langage de la croix. La croix qui à travers l’absurde, la violence, le péché de pouvoir donne à accueillir un mystère d’amour, de don, de résurrection. Au cœur même de nos vies marquées par l’ivraie, la zizanie, cette conviction d’être sauvé, qu’un bon arbre pourra surgir et accueillir tous les oiseaux du ciel.
Et puis l’interprétation de la parabole. Si j’entends l’interpellation de l’image de la moisson comme une question qui nous est posée à notre mort : t’es-tu converti, ajusté à l’Amour ? C’est chaque soir de notre vie que la moisson a lieu. Aujourd’hui qu’est ce qui était bon ? Qu’est ce qui était ivraie qui doit être brulé au feu de mon Amour nous demande le Seigneur. Et chaque jour, nous sommes renvoyés au champ de ce monde avec ses pleurs et grincements de dents et où pourtant se vit déjà quelque chose du Royaume, de notre ajustement à Dieu, à l’Amour.
Damien Guillot, curé.