Qu’as-tu fait de ton frère ?
« Qu’as-tu fait de ton frère ? »
Comment l’as-tu écouté ? Comment l’as-tu regardé ? Quelle place lui as-tu laissé ? Qu’as-tu compris de ce qu’il voulait te dire ? L’as-tu pris en compte concrètement dans ta vie et dans ta prière ?
Ce même Dieu qui pose cette question à Caïn (1) donc à chacun de nous, est aussi celui qui nous dit : « Ce que vous avez fait au plus petit de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait »(2)
Mon frère, ma sœur, est le lieu de la rencontre avec Dieu
Est-ce indispensable, pour un temps, de chercher à combler le manque de rassemblement liturgique ?
Profitons de ce temps pour découvrir et approfondir les bienfaits de la méditation, du silence: c’est là que peut s’enraciner notre rapport ajusté à l’autre-humain, à l’Autre-Dieu”
(1)”Yaweh dit à Caïn “où est Abel ton frère? Je ne sais pas, est ce que je suis responsable de mon frère?” Gn 4,9
(2) “chaque fois que vous avez agi de la sorte, c’est à moi que vous l’avez fait ” Mt 25,40
Frères et sœurs, source d’espérance
Texte d’une religieuse milanaise sur l’Espérance dans la tourmente du covid-19,
« …L’espérance c’est la vie qui est plus forte et le printemps qui oublie de porter le deuil et la peur, et avance inexorablement, faisant verdir les arbres et chanter les oiseaux.
L’espérance ce sont tous ces professeurs exemplaires qui doivent en quelques jours s’improviser créateurs et réinventer l’école, et se plient en huit pour affronter avec courage leurs cours à préparer, les leçons online et les corrections à distance, tout en préparant le déjeuner, avec deux ou trois enfants dans les pattes.
L’espérance, tous ces jeunes, qui après les premiers jours d’inconscience et d’insouciance, d’euphorie pour des « vacances » inespérées, retrouvent le sens de la responsabilité, et dont on découvre qu’ils savent être graves et civiques quand il le faut, sans jamais perdre créativité et sens de l’humour …
L’espérance, tous ces parents qui redoublent d’ingéniosité et de créativité pour inventer de nouveaux jeux à faire en famille, et ces initiatives de réserver des moments « mobile-free » pour tous, pour que les écrans ne volent pas aux foyers tout ce Kairos qui leur est offert.
L’espérance – après un premier temps d’explosion des instincts les plus primaires de survie (courses frénétiques au supermarché, ruée sur les masques et désinfectants, exode dans la nuit vers le sud…) – ce sont aussi les étudiants qui, au milieu de tout ça, ont gardé calme, responsabilité et civisme… qui ont eu le courage de rester à Milan, loin de leurs familles, pour protéger leurs régions plus vulnérables, la Calabre, la Sicile… mais surtout qui résistent encore à cet autre instinct primaire de condamner et de montrer du doigt pleins de rage ou d’envie, ceux qui n’ont pas eu la force de se voir un mois isolés,
loin de leur famille, et qui ont fui.
L’espérance c’est ce policier … tout le personnel sanitaire, qui s’épuisent dans les hôpitaux débordés, et continuent le combat. ….
…Et voilà l’espérance, par-dessus tout : ce sont ces pays riches et productifs, d’une Europe que l’on croyait si facilement disposée à se débarrasser de ses vieux, que l’on pensait cynique face à l’euthanasie des plus « précaires de la santé »… les voilà ces pays qui tout d’un coup défendent la vie, les plus fragiles, les moins productifs, les «encombrants » et lourds pour le système-roi, avec le fameux problème des retraites…
Et voilà notre économie à genoux. A genoux au chevet des plus vieux et des plus vulnérables….
…Et en ce Carême particulier, un plan de route nouveau : traverser le désert, prier et redécouvrir la faim eucharistique.
Vivre ce que vivent des milliers de chrétiens de par le monde. Retrouver l’émerveillement. Sortir de nos routines…
Et dans ce brouillard total, naviguer à vue, réapprendre la confiance, la vraie.
S’abandonner à la Providence. Et apprendre à s’arrêter aussi. Car il fallait un minuscule virus, invisible, dérisoire, et qui nous rit au nez, pour freiner notre course folle.
Et au bout, l’espérance de Pâques, la victoire de la vie à la fin de ce long carême, qui sera aussi explosion d’étreintes retrouvées, de gestes d’affection et d’une communion longtemps espérée, après un long jeûne.
Et l’on pourra dire avec saint François « Loué sois-Tu, ô Seigneur, pour fratello Coronavirus, qui nous a réappris l’humilité, la valeur de la vie et la communion ! ».
Nous sommes tous invités à écrire chacun son texte.
Anne Marie – route approfondissement de la foi