33ème dimanche du Temps Ordinaire – 18 novembre 2018
Dn 12, 1-3 He 10, 11-14.18 Mc 13, 24-32
« les étoiles tomberont du ciel » L’apocalypse ! N’est-ce pas ce qui résumerait les textes d’aujourd’hui.
A cela s’ajoute la journée de la pauvreté, il ne s’agit pas de la pauvreté choisie mais bien de la misère. Parler d’apocalypse est parfaitement ajusté, car cela ne veut pas dire catastrophe, mais lever une partie du voile.
Introduction
Les 1er mots du pape pour cette journée : « un pauvre crie le Seigneur entend », ainsi que les textes d’aujourd’hui, où Dieu rassemble nous introduisent au cœur du message.
La 1èrelecture, par la bouche de Daniel, nous montre bien cette misère, vécue par le peuple d’Israël lors de l’exile. Le futur n’est utilisé que comme moyen, à peine voilé, pour ne pas être censuré. Ce peuple exilé, déraciné, beaucoup de personnes aujourd’hui vivent cette misère sous nos yeux.
Se positionner face à la pauvreté n’est pas l’affaire d’expert mais bien la responsabilité de tous. En tant que Chrétien, nous avons la responsabilité de notre prochain, en faisant preuve de compassion envers lui, en lui rendant sa dignité. Il nous faut prendre conscience que cette compassion n’est que justice. Comme le dit la doctrine sociale de l’église : Quand nous donnons aux pauvres des choses indispensables, nous ne faisons pas, pour eux, des dons personnels, mais nous leur rendons ce qui est à eux. Plus qu’accomplir un acte de charité, nous accomplissons un devoir de justice.
Voilà, il pourrait s’agir de l’homélie la plus courte. Car si nous avons compris cela, nous avons bien compris la journée de lutte contre la misère du 17 octobre.
Pourquoi donc avoir aujourd’hui une journée de la pauvreté ?
Lors du rassemblement de diaconia 2013, à Lourdes, l’assemblée chrétienne a pris conscience de la place du pauvre comme signe et moyen de la présence même du Christ : le sacrement du frère passant du pour les pauvres à avec les pauvres.
Les pauvres ne sont pas uniquement là, pour que nous les aidions mais comme nous dit le pape François dans son message pour cette journée : « les pauvres nous évangélisent, en nous aidant à découvrir chaque jour la beauté de l’évangile. »
La profondeur, par exemple de la phrase que nous dirons tout à l’heure, lors du notre Père, donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.L’espérance vitale vécu au présent.
Pour moi, les pauvres nous évangélisent sur 2 points, soulignés dans l’évangile d’aujourd’hui, quand le Fils de l’homme revient sur terre:
Le 1 point : que je souhaite mettre en lumière est, l’autosuffisance.
Lorsque la terre s’ébranle à l’arrivée du fils de l’homme les heures de ce monde sont comptées. Mes certitudes mes sécurités s’effondrent. Les plus pauvres, les exclus sont dans l’impossibilité de cette autosuffisance et nous enseigne.
Je ne peux m’empêcher de faire le parallèle entre l’évangile de St Marc et le texte de l’Apocalypse Jean 3.17 à l’église de Laodicée : Parce que tu dis : Je suis riche, et je me suis enrichi, et je n’ai besoin de rien ; et que tu ne connais que toi, en réalité tu es malheureux et misérable, et pauvre, et aveugle…
Beaucoup d’entre nous n’hésitent pas à donner de leur agent, de leur temps et de leur talent pour Dieu et pour les autres. Mais sommes-nous enclins à recevoir de cet autre ? A être disponible à ce qu’il est et ce qu’il reflète de Dieu ? A lui laisser de la place, non pas seulement dans mon portefeuille où le temps d’un instant, mais au fond de mon cœur, à ne pas ériger un mur de sécurité, mais à laisser la vulnérabilité de sa vie nous rendre plus humain, plus vivant, plus heureux.
A se laisser blesser et révolter par cette souffrance, à voir plus loin qu’une simple ambition humaine, à être à l’écoute de la promesse de Dieu. Pour mieux comprendre, prenons l’image du don, qui pour beaucoup, habite déjà votre vie.
Lorsque je donne, je peux donner comme cela : <paume vers le bas>, sans s’engager. Mais nous sommes invités à le faire <paume vers le haut> en laissant une fois donnée l’espace de recevoir de l’autre, de recevoir Dieu qui se donne.
Cette écoute, dans cette acceptation de non complétude, laisse de l’espace à un projet d’amour qui me dépasse et qui se vit au présent. C’est là que s’ouvre le second point, au cœur de ce vide.
Le second : Alors que tout s’effondre Dieu rassemble.
Le Fils de l’homme est proche, à votre porte.
- Si je le laisse entrer dans le salon, la pièce rangée où j’accueille mes invités , il le remplit de sa présence.
- Ma chambre, moins bien rangée, l’intimité de mon cœur, il la comble de sa tendresse.
- Si je vais jusqu’à lui présenter les zones sombres, il les illumine.
Ouvrons-lui nos cœurs tout entier et pas seulement nos façades.
Ne laissons pas de zone murée par nos suffisances car il vient nous rassembler, nous libérer, nous sauver.
Pour nous aider
Vous êtes invités à venir rendre concret cette préoccupation du partage avec les plus pauvres lundi 10 décembre à 20h à Saint-Julien, mais aussi, à prendre du temps avec quelqu’un que vous croisez, qui vous permettrait d’entrer dans cette démarche intérieure, que vous le connaissez bien ou non, à prendre du temps, non pas pour lui donner quelque chose, mais pour se laisser saisir par la richesse intérieure qu’il porte en lui et grâce à ces échanges, d’alléger nos vies des futilités qui les encombre.
Récemment, après avoir échangé à l’entrée de l’église dans le sud, avec Pierrate, personne vivant dans la rue, je lui ai demandé de prier pour moi. Il m’a répondu : « vous savez, si cela fait 25 ans que je suis là, ce n’est pas pour rien… »
Pour conclure, reprenons quelques mots du pape: « Les pauvres sont les premiers capables de reconnaître la présence de Dieu et de témoigner de sa proximité dans leur vie. » Nourrissons-nous en partagent ensemble ce pain quotidien qui nous rassemble, cette parole de Dieu qui ne passera pas. Loin de l’autosuffisance et le cœur ouvert à recevoir de cet autre l’humanité de Dieu qui s’est fait chair. Ouvrons nos cœurs à celui qui s’est fait pauvre au milieu des pauvres et apprenons à le connaître.
Cyril, diacre.